samedi 13 mars 2010

Les nouvelles familles.


Devant la télé chez Sophinette, à piapiater nouvelle coupe de cheveux tout en glougloutant un coca quand je tombe perplexe devant un reportage dont le sujet est la nouvelle forme de collocation apparue récemment.

Voici l'idée: Une personne âgée propriétaire de son appartement accueille chez elle un étudiant. Le jeune sera alors préposé aux petites tâches ménagères, et devra tenir compagnie au fossile. Pas de loyer mais soupelette tous les soirs. Funky.
Le reportage poursuit sur les liens tendres qui se tissent entre Kevin, 20 ans et Madame Bas-Qui-Plissent, 83 ans, qui marchent main dans la main dans la rue pour aller acheter leur boite de petits pois-carottes pour ce soir.

C'est évidemment une très bonne initiative. Madame Bas-Qui Plissent dispose d'une oreille dans laquelle radoter ses cochonneries avec les Allemands (oh, ça va, si on peut plus se marrer...) et Kevin se sent comme chez maman et peut se nourrir d'autres choses que de pizzas froides.

Au delà du risque de conflit générationnel ( Allez Mamie, hier, c'était Drucker, ce soir, c'est Fight Club!) et de mon langage imagé qui laisse présager le contraire, je trouve l'initiative vraiment touchante.

Ce documentaire confirme une de mes théories élaborée il y a quelques années selon laquelle notre société, de plus en plus en perte de repères, se sent le besoin de se créer une famille. Notre génération est définitivement la génération des familles en kit. Je ne parle pas des familles recomposées, mono ou homoparentales (même si je suis convaincue que dans le fond, la démarche est la même), mais de cette pulsion qui nous pousse à adopter des gens qui n'ont aucun liens de parentés avec soi. La solitude et le besoin de chaleur rapproche des générations et des gens qui, sans ça, ne se seraient jamais unis. C'est de l'ordre de l'instinct de survie. On ne croit plus aux liens du sang, l'amitié devient une valeur plus sure que la filiation.

J'observe le phénomène chez moi.

Il y a quelques jours de ça, je me suis (encore) glissée dans la chambre du Blond pour lui miauler « Eh Blondinette, ça te dis de nous installer quelques mois à Londres? » Sa réponse: « Je rentre de mon trekk au Népal, et on y va »
J'ai tout de même pris le temps de trouver ça curieux de proposer à mon colocataire de me suivre dans mon aventure à l'étranger. Nous nous sommes installés ensemble par pur intérêt financier, et c'est l'affection qui nous pousse à partir ensemble.
C'est sur que si nous étions une collocation « normale » et que l'on se disputait l'étagère du haut du frigo pour entreposer la Danette, on n'en serait pas là. Mais la vie à deux et demi (il a reconnu la paternité de mon chat sans sourciller) nous a poussé à traverser des épreuves ensemble, et à trouver en l'autre du réconfort quand on rentre crevés du boulot. On ne se pose pas de questions, on compte l'un sur l'autre, on est ensemble, c'est tout pour reprendre le titre d'un livre qui illustre très bien le sujet (et que je recommande).
Après la révolution du mariage d'amour il y a quelques centaines d'années, nous sommes enfin en mesure, en 2009, de faire mentir la chanson et de choisir sa famille. Et c'est pas Sophinette que ma mère appelle « sa deuxième fille » qui dira le contraire ...

D'ailleurs, c'est le Blond, avec qui je ne fais pas l'amour, qui m'a fait remarquer que j'avais du retard, et c'est avec lui que je vais attendre nerveusement les résultats dans la salle de bain...

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