vendredi 12 mars 2010

Zoulette


Tu portes des cheveux jaunes, absolument pas assortis à ton teint over-autobronzé ni à tes yeux sur-eyelinés.
Tu aimes la moumoute sur tes capuches ou sur l’intégralité de ton blouson sans manches en pur peau de sac plastique recyclé.
Tu assortis ce charmant attirail à une mini-jupe en jean, mais avec des leggings (tu ne veux pas faire vulgaire).
Tu jures « sur le Coran » que tu vas me péter la gueule et tu jures aussi « sur le Coran de la Mecque » que tu étais « choquée » quand tu as vu « Cédric et Mélanie se guélan ».

Adolescente, tu me regardais de travers parce que les mois de Ramadan, j’arrivais au lycée maquillée, tu me reprochais de parler « comme au XVème siècle », et tu me traitais de vendue aussi. Parce que quand on porte mon prénom (à forte consonnance arabe pour ceux qui me connaissent vraiment), on a l’obligation sociale de foutre le « Dawa ».

Je vois des fois tes petites sœurs trainer par pack de six à Châtelet. Sur une planète qui n’est définitivement pas la mienne.
Tu es le fruit d’un viol culturel. Paumée entre le discours de tes parents, celui de la télé et celui des gars qui cherchent à savoir s’il y a « moyen de moyenner ». Leurs ordres ne sont en aucun cas tes désirs. Tes frères t’empêchent de faire ce qu’ils font à tes copines et ont les mêmes exigences quant à leurs futurs femmes.
J’ai croisé par hasard une de nos anciennes éducatrices. Elle m’a raconté à quel point tu étais « parti en live ». Elle m’a ensuite demandé ce que j’étais devenue et m’a dit que j’étais « devenue jolie ».

Et c’est moi que tu traitais de victime.

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